Invité à l’EDHEC de Lille pour parler de son dernier essai, Eric Zemmour fait un tabac

Publié le par Républicain et Gaulliste

Sans surprise, c’est face à un amphi plein comme un oeuf qu’Éric Zemmour est venu, mardi soir à la Catho, parler de son dernier essai, Mélancolie française (Éd. Fayard). Les étudiants de l’EDHEC sont peut-être (sans doute) téléphages : on conçoit, de toute façon, que même sans être accro des émissions où il sévit (Ruquier et autres), chacun, notamment dans ces générations, peut avoir une idée de la notoriété du susdit.

Autour des idées fortes du livre – le déclin de la France, l’impasse où se trouve l’Europe -, mais aussi les « dérapages » sur l’identité nationale, l’immigration et autres polémiques (!) de belle facture, les étudiants avaient fourbi leurs questions auxquelles il a fait face avec arguments et lucidité.

Pour étayer la question centrale de son essai, Éric Zemmour se fend d’un petit cours d’histoire et de géopolitique plutôt convaincant : la France, qui a inventé l’État et la nation, est entrée en déclin depuis 1815 (Waterloo), « point de non-retour, fin d’une histoire écrite par quarante rois pendant mille ans », thèse souverainiste convient-il ; la société française, aujourd’hui encore, n’a toujours pas digéré la monumentale défaite de 1940, laquelle a sonné, pour les Allemands, comme la revanche d’Iéna (1806). « Tout cela n’est-il pas un peu lointain par rapport à nos interrogations actuelles ? », questionnent ingénument ses interlocuteurs. « C’est peut-être l’inculture de votre génération qui va vous sauver, ce sera le bon côté de votre ignorance ! » Quand Zemmour explique qu’il croit à l’inconscient collectif des peuples, « que les élites françaises n’ont jamais renoncé à leur rêve impérial », il suffit de fréquenter quelque peu les historiens d’hier et d’aujourd’hui qu’il a lus et qu’il cite – de Michelet à Jacques Bainville (1919) auxquels on peut ajouter Braudel et nombre d’historiens anglais ou américains – pour se convaincre qu’il n’avance rien de très extraordinaire, encore moins de provocateur.

Tout juste, on peut débattre évidemment de ses jugements définitifs sur l’Europe – « Je pense que l’Europe fédérale est morte depuis longtemps », « L’Europe s’est construite sur l’absence d’État autour de lobbys ; à Bruxelles, on nous vend du vide, de la vacuité » -, sauf que l’actualité s’empresse de nous montrer que la Belgique est aujourd’hui au bord de l’implosion et que nombre de pays voisins ne vont guère mieux.

Quant aux « dérapages » sur les immigrés, la colonisation, le droit d’ingérence, l’identité française, l’assimilation ou le communautarisme, Zemmour, en parfait usager des médias modernes où il officie comme chez lui, convient que la télé est « une machine à schématiser », à réduire les nuances, à caricaturer.
« J’aimerais revenir à 1810 »

La suite relève donc de sentences d’un débatteur habile, volontiers provocateur pour amuser la galerie – « J’aimerais revenir à 1810 », « La France m’a colonisé et je la remercie tous les jours »… Du spectacle, de l’amusement, certes un peu trop facilement « contre tout ce qui est pour et pour tout ce qui est contre », ne serait-ce que pour énerver « les élites bien pensantes et autres curés du politiquement correct ». Mais pour les problématiques de fond, comme il le dit, il a des arguments : « Je lis des livres, figurez-vous ! »

Article paru dans La Voix du Nord du jeudi 29 avril 2010

Publié dans Région

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