Maximilien de Robespierre (1758-1794)

Publié le par arrasmrc

Contrairement à ce que l'on dit souvent de lui, il n'a jamais été un aspirant dictateur assoiffé de sang: il a été un bouc émissaire, emporté par des circonstances qui le dépassaient. Il fut à l'inverse un grand idéaliste républicain. Voici une courte biographie de ce grand homme :

Né à Arras le 6 mai 1758 dans un milieu bourgeois, il devint tôt orphelin de son père avocat. Maximilien François Marie Isidore de Robespierre obtient une bourse pour suivre des études au collège Louis-le-Grand de Paris (1770). Réduit à la pauvreté après ses études secondaires, il entre à la faculté de droit. Dès cette époque, il s'enthousiasme pour les idées de Montesquieu et de Rousseau. De retour à Arras, Robespierre devient avocat au conseil d'Artois et juge auprès du tribunal épiscopal (1781). En 1783, il se fait connaître à l'occasion d'une fameuse plaidoirie en faveur des paratonnerres et contre la science persécutée. À Versailles, Robespierre siège à l'Assemblée nationale constituante avec son frère Augustin. Dans un premier temps, son apparence physique (c'est un homme de petite taille) et son peu d'éloquence font qu'on ne le remarque guère à l'Assemblée. Mais, à mesure qu'il prononce ses très nombreux discours (plus de cent vingt entre 1789 et 1791), sa détermination le valorise progressivement. Méticuleux et patient, Robespierre est convaincu que son heure viendra.

Il se fait porter à la tête du club des Jacobins en mars 1790 en raison de son intégrité. Bien qu'il sache parfois tempérer son extrémisme, son intransigeance l'emporte sur tout, y compris sur une vie privée très chaste. Sa popularité croît lorsqu'il prononce ses discours contre la peine de mort et surtout contre la guerre avec l'Autriche. En effet, il juge qu'avant d'entrer en conflit avec l'étranger, il faut «dompter les ennemis intérieurs» afin d'«armer le peuple» (décembre 1791). La guerre a lieu malgré tout à partir d'avril 1792. Comme il le prophétisait, elle tourne au désavantage de la France. Se portant alors à la tête des pétitionnaires qui réclament des sanctions contre les «coupables», il gagne encore en notoriété. En août 1792, à la chute de la monarchie, Robespierre, rallié à l'idéal républicain, est incontestablement devenu le chef de file de l'opposition de gauche aux Girondins. Il refuse d'abandonner le moindre acquis révolutionnaire. Robespierre entre alors dans une logique conspiratrice permanente. Ce soupçon universel, pivot de sa pensée, postule que la révolution n'est pas acquise, que seule la plus grande vigilance permettra de la préserver. Le 2 juin 1793, soutenu par le peuple et les sections parisiennes, Robespierre obtient la proscription des Girondins.

Cela ne règle pas tout : la situation léguée par eux empire de jour en jour. La République n'est plus qu'une grande citadelle assiégée : les frontières sont enfoncées par les armées de toute l'Europe coalisée, l'insurrection royaliste vendéenne s'étend tandis que des révoltes fédéralistes éclatent dans les provinces d'origine des ex-députés girondins. C'est dans ce contexte que Maximilien Robespierre est élu au Comité de Salut Public en remplacement de Danton le 27 juillet 1793.

Il va, dès lors, y déployer un zèle et une activité extraordinaire : l'homme politique s'avère un extraordinaire homme d'Etat. Il est aussi l'orateur le plus respecté de la Convention et des Jacobins où il est toujours aussi assidu. Sa popularité ne se dément pas, même après son entrée au gouvernement.

A l'automne, sous la pression des Enragés, la Convention doit accepter des mesures de Terreur : loi des suspects, loi contre les accapareurs, maximum des prix, armée révolutionnaire... Les Hébertistes réclameront toujours plus de Terreur qui leur permet de peupler les nouvelles institutions de leur partisans et de s'ériger comme un pouvoir concurrent à celui de la Convention.

Robespierre parvient à faire mettre en place le Gouvernement Révolutionnaire qui doit permettre au pouvoir central d'encadrer la Terreur et de reprendre l'initiative. Dés l'hiver, Robespierre enraye la déchristianisation menée par certains représentants en mission hébertistes qui, par leurs excès, discréditaient la Révolution.

Tout le pays est mobilisé contre les ennemis et l'embellie ne tarde pas. Dés l'automne, l'insurrection fédéraliste n'est plus un danger : les Vendéens sont écrasés en décembre et l'hiver et le printemps de 1794 voient les victoires françaises se succéder jusqu'à celle de Fleurus qui libère le territoire : le Comité de Salut Public a bien mérité de la Patrie!

Les divisions entre montagnards s'accentuent alors ; c'est la lutte des factions entre les Hébertistes qui poussent à plus de Terreur, les Dantonistes qui prônent une politique de compromis avec les ennemis et ceux que l'on appelle désormais les Robespierristes, solidaires du Gouvernement Révolutionnaire et de son action. C'est Robespierre qui mène la lutte sur les deux fronts et parvient à abattre les chefs des deux factions malgré le soutien sectionnaire à Hébert et l'aura de Danton chez les députés. La victoire du Gouvernement Révolutionnaire n'aura fait que 40 victimes.

Désormais, comme l'affirme St Just, " la Révolution est glacée" : le mouvement sectionnaire et la Convention sont soumis aux Comités. Les Robespierristes vont pouvoir appliquer leur programme. Au fait de sa puissance, Robespierre obtient de la Convention nationale qu'elle institue, en mai 1794, une nouvelle religion officielle (le culte de l'Être suprême), fondée en partie sur la théorie déiste de Rousseau. Mais le culte de l'Être suprême, expression du centralisme dictatorial, lui aliène les catholiques et les athées. En dépit des attaques, Robespierre reste fort comme en témoigne son élection à la présidence de la Convention nationale en juin 1794.

Une conspiration destinée à le destituer se forme. Le 27 juillet 1794, Robespierre est mis en minorité par la Convention nationale et placé en garde à vue. Un soulèvement de soldats de la Commune de Paris destiné à lui porter secours est arrêté devant l'Hôtel de Ville. L'après-midi du 28 juillet, sous les acclamations de la foule, il est guillotiné place de la Révolution (Place de la Concorde). Ainsi Robespierre est victime de son propre acharnement, tué par les terroristes qu'il visait et qui mettent fin à la période la plus brutale de la Terreur, peut-être la fin même de la Révolution.

Publié dans Portraits

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